Alice au pays des merveilles, II: John Tenniel (1820-1914)


The Mad Tea Party

(En français)

Les aventures d'Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll, est indissociable des illustrations de John Tenniel, qui a forgé pour toujours l’imaginaire du livre, un cadre dont les illustrateurs et illustratrices successifs ne se sont que très peu écartés. (voir le post du 28 nov 2025, avec Pat Andrea) 

Pour faire vite : Sir John Tenniel (Royaume Uni, 1820-1914) est un dessinateur satirique très populaire du magazine Punch, et un illustrateur de livres reconnu, quand Carroll l’approche avec le projet d’Alice au pays des merveilles. Il s’agit pour lui d’une commande comme les autres. John Tenniel réalise 42 illustrations pour Alice (1866) et 50 pour À travers le miroir  (1871). S’il accepte volontiers la première commande, il rechigne pour la seconde (Carroll cherche d’ailleurs à le remplacer), et ne s’y consacre que « à ses heures perdues », comme le regrette Lewis Carroll. Tenniel lui soumet des croquis, parfois inspirés des dessins que Lewis Carroll lui-même réalisa sur le premier manuscrit de Alice (offert à Alice Liddell, sa "muse"). Tenniel réalise ensuite des dessins plus poussés au crayon ou à la plume, qu'il rapporte ensuite sur une planche en bois (un exemple de ce processus est montré dans une vidéo par Matthew Demakos ici). 

Dalziel brothers. C'est ensuite au tour des frères Daziel, dont l'atelier de gravure était un de plus réputés à Londres, de réaliser la gravure sur bois. Leur signature est d'ailleurs bien visible sur pratiquement toutes les images du livre, aux côtés de celle de Tenniel. 

Signatures des graveurs Dalziel à gauche, et de Tenniel à droite

 

On continue pourtant d'attribuer les gravures sur bois à Tenniel, et cela d'article en post de blog un peu partout sur internet, et même dans la Pléiade consacrée à Lewis Carroll en France. Il suffit pourtant de vérifier et de regarder. Un très bel article est consacré au travail des frères Dalziel dans The Guardian. 

Tenniel. Je ne suis pas spécialement fan des dessins de Tenniel, unanimement considérés (surtout par les carrolliens) comme gauches et raides. Il est avant tout un dessinateur satyrique: il a l'habitude du grotesque et du mordant, mais semble quelque peu étranger à la poésie du "nonsense". Il n'a pas l'air chez lui dans l'univers de Carroll, qu'il traduit en images rassurantes. Mais tant ses illustrations, plus ou moins citées par tous les illustrateurs qui l'ont suivi dans l'histoire des éditions d'Alice, tout comme les graveurs sur bois George et Edward Dalziel, méritent un peu plus d'attention.


Sir John Tenniel: un peu d'humour anglais. Ce bon vieux John Tenniel, taiseux et timide comme bon nombre de dessinateurs, qui perd progressivement la vue de l’œil droit après un accident d’escrime avec son père, aura le grand honneur (pour un Anglais du moins) d’être le premier dessinateur à devenir chevalier des Arts et à jouir du titre de Sir, moins à cause de son Alice ou de ses dessins satiriques chez Punch, que grâce à une fresque bien académique dans la Chambre des Lords.

Sergio Aquindo


Alice et le griffon, et les signatures des Dalziel et de Tenniel

 


Illustration de Tenniel gravée par les Dalziel pour "À travers le miroir"

Croquis du Griffon par John Tenniel

(En español)

 Las aventuras de Alicia en el país de las maravillas, de Lewis Carroll, son indisociables de las ilustraciones de John Tenniel, quien forjó para siempre el imaginario del libro, un marco del que los ilustradores e ilustradoras sucesivos se han apartado muy poco. (véase la publicación del 28 de noviembre de 2025, con Pat Andrea)

En resumen: Sir John Tenniel (Reino Unido, 1820-1914) era un dibujante satírico muy popular de la revista Punch y un reconocido ilustrador de libros cuando Carroll se acercó a él con el proyecto de Alicia en el país de las maravillas. Para él, se trataba de un encargo como cualquier otro. John Tenniel realizó 42 ilustraciones para Alicia (1866) y 50 para A través del espejo  (1871). Si bien aceptó de buen grado el primer encargo, se mostró reacio al segundo (Carroll incluso intentó sustituirlo) y solo se dedicó a él «en su tiempo libre», como lamentaba Lewis Carroll. Tenniel le presentaba bocetos, a veces inspirados en los dibujos que el propio Lewis Carroll realizó en el primer manuscrito de Alicia (regalado a Alice Liddell, su «musa»). A continuación, Tenniel realiza dibujos más elaborados a lápiz o pluma, que luego traslada a una plancha de madera (Matthew Demakos muestra un ejemplo de este proceso en un vídeo aquí). A continuación, los hermanos Dalziel, cuyo taller de grabado era uno de los más famosos de Londres, se encargaron de realizar los grabados en madera. Su firma se vé claramente en prácticamente todas las imágenes del libro, junto a la de Tenniel. 

 

Firma de los hermanos Dalziel a la izquierda y de Tenniel a la derecha.

Alicia y la Duquesa, dibujo de Tenniel grabado por los Dalziel

Sin embargo, se sigue atribuyendo los grabados en madera a Tenniel, tanto en artículos como en entradas de blogs por toda la red, e incluso en la colección Pléiade dedicada a Lewis Carroll en Francia. Sin embargo, basta mirar las imágenes para comprobarlo. Hay un artículo muy interesante dedicado al trabajo de los hermanos Dalziel en The Guardian

Sir Tenniel. No soy especialmente fan de los dibujos de Tenniel, considerados unánimemente (sobre todo por los especialistas carrollianos) como torpes y rígidos. Es ante todo un dibujante satírico: está acostumbrado a lo grotesco y lo mordaz, pero parece algo ajeno a la poesía del "nonsense" de Carroll. No parece cómodo en ese universo, que traduce en imágenes tranquilizadoras. Pero sus ilustraciones, grabadas por los hermanos George y Edward Dalziel, merecen más atención.

Sir Tenniel: Un poco de humor inglés. El buen viejo John Tenniel, taciturno y tímido como muchos dibujantes, que perdió progresivamente la vista del ojo derecho tras un accidente de esgrima con su padre, tuvo el gran honor (al menos para un inglés) de ser el primer dibujante en ser nombrado caballero de las Artes y disfrutar del título de Sir, no tanto por su Alicia o sus dibujos satíricos en Punch, sino gracias a un fresco muy académico en la Cámara de los Lores.

Sergio Aquindo 






Comments

Popular Posts